À la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles à Montréal, les sages-femmes offrent des soins dans une approche de continuité, d’autonomie et de communauté. Emmanuelle Dennie-Filion, sage-femme à la clinique, décrit leur modèle comme étant à la fois collaboratif et très réactif aux besoins diversifiés de la clientèle.
Soulignons également l’importance accordée par la clinique aux soins adaptés à la culture. « Nous comprenons les besoins à satisfaire avant qu’une personne puisse avoir une véritable conversation avec un·e professionnel·le de la santé », dit-elle en décrivant les efforts déployés pour coordonner les interprètes, tenir compte des contraintes financières et créer un espace pour des soins individualisés. Emmanuelle raconte le cas récent d’une femme qui ne savait pas où trouver des soins et qui lui a été envoyée par une travailleuse sociale. « C’était une personne originaire du Nunavut, sourde, enceinte de huit mois, qui ne savait pas où trouver des soins dans sa communauté. » L’équipe de la clinique a rapidement appelé une interprète et a dirigé la cliente vers un hôpital, car elle allait avoir besoin d’une césarienne. « Tout ce processus n’aurait pas eu lieu autrement, car il y avait tout simplement trop d’obstacles », se souvient Emmanuelle.
La plupart des personnes pour qui nous avons fait une interruption de grossesse avaient déjà utilisé nos services auparavant. Cela signifie qu’elles n’ont pas eu à se rendre dans une autre ressource qu’elles ne connaissaient pas. Elles ont pu retourner voir leur sage-femme.
Emmanuelle Dennie-Filion
La clinique a récemment commencé à offrir l’interruption de grossesse par médicaments et la pose de DIU après la grossesse, ce qui a permis d’améliorer l’accès aux soins de santé reproductive dans le quartier. « La plupart des personnes pour qui nous avons fait une interruption de grossesse avaient déjà utilisé nos services auparavant. Cela signifie qu’elles n’ont pas eu à se rendre dans une autre ressource qu’elles ne connaissaient pas. Elles ont pu retourner voir leur sage-femme, ce qui est extraordinaire », explique Emmanuelle. Dans ces moments qui peuvent être stressants, le fait de pouvoir retourner vers un·e prestataire de soins de confiance contribue à réduire la peur et l’incertitude.
Bien que le champ d’exercice des sages-femmes au Québec soit encore limité, notamment par l’impossibilité d’offrir une interruption de grossesse par procédure ou de pratiquer l’épidurale, Emmanuelle considère que ces avancées sont prometteuses. « Nous n’avons que trempé le gros orteil dans l’océan des possibles. »
Avec son équipe intégrée de sages-femmes et d’accompagnant·e·s à la naissance, une formation continue sur les soins tenant compte des traumatismes et des liens étroits avec les organismes communautaires, la clinique est un exemple de soins équitables axés sur la communauté. « Les sages-femmes sont des facilitatrices », explique Emmanuelle. « Nous trouvons des solutions et des options qui fonctionnent vraiment et qui sont réellement adaptées à la personne. »