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SOS Sages-femmes ! Accroître l’accès grâce à la collaboration interprofessionnelle (Ashlyn Doyle et Fort McMurray Midwives)

Au Canada, les sages-femmes jouent un rôle essentiel dans les soins de santé sexuelle et reproductive, mais l’étendue de leur champ d’exercice n’est pas assez reconnue. Ashlyn Doyle, sage-femme à Fort McMurray, en Alberta, explique que le rôle des sages-femmes ne se limite pas à la grossesse et à l’accouchement, et qu’elles assurent également tout le soutien complet nécessaire. Elle soulève l’importance de faire connaître aux autres prestataires de soins les services que les sages-femmes peuvent offrir.

Thumbnail portrait of Ashlyn Doyle

« La sage-femme se met au diapason de la personne qui se trouve devant elle », explique Ashlyn. « Nous sommes suffisamment souples pour nous adapter aux besoins de notre clientèle, ce que d’autres modèles de soins ne peuvent parfois pas faire. » Par exemple, lorsqu’elle a travaillé avec une nouvelle arrivante enceinte qui n’avait pas reçu de soins prénataux, Ashlyn s’est adaptée en effectuant des visites à domicile. « Le transport et l’argent posaient problème, et la cliente avait plusieurs autres enfants. En la visitant à domicile, j’ai pu lever les obstacles qui l’empêchaient de recevoir des traitements, comme aucun·e autre prestataire de soins n’aurait pu le faire. » Ashlyn a ainsi pu rencontrer sa cliente, établir une relation de confiance et la diriger vers du personnel infirmier spécialisé en santé sexuelle et du personnel de la santé publique pour traiter sa syphilis.

Les sages-femmes peuvent venir combler les lacunes du système lorsque les autres prestataires de soins font appel à nos compétences. Nous avons la formation pour fournir une vaste gamme de soins, mais tout le monde ne le réalise pas.

Ashlyn Doyle

Ce type de collaboration interprofessionnelle active est au cœur de la philosophie de soins d’Ashlyn. Autre exemple : une infirmière en santé publique avait besoin d’aide pour une patiente atteinte de sclérose en plaques qui n’arrivait pas à obtenir de test Pap. « À cause de ses problèmes de mobilité, elle n’aurait pas pu s’installer sur la table d’examen gynécologique », explique Ashlyn. « Je me suis donc rendue chez elle pour faire le test Pap qu’elle n’aurait jamais pu recevoir autrement. Je n’aurais aussi jamais rencontré cette femme si l’infirmière ne m’avait pas contactée. Cette expérience m’a vraiment confirmé que les sages-femmes peuvent venir combler les lacunes du système lorsque les autres prestataires de soins font appel à nos compétences. Nous avons la formation pour fournir une vaste gamme de soins, mais tout le monde ne le réalise pas. »

Ne se limitant pas aux soins cliniques, Ashlyn est également attentive aux problèmes sociaux et émotionnels de sa clientèle. À Fort McMurray, elle a observé un grand isolement social chez les nouveaux parents, un phénomène qui accroît le risque de problèmes de santé mentale postpartum. « Les soins prodigués par les sages-femmes permettent de créer une relation à un autre niveau. C’est ce qui nous permet de nous assurer que personne ne passe entre les mailles du filet, comme cela arrive si facilement lorsque vous consultez un·e prestataire de soins qui ne peut vous voir que brièvement. »

L’engagement de son équipe de sages-femmes à aller à la rencontre des gens permet également de rejoindre une clientèle mal desservie. « J’ai une collègue qui prendra même l’avion pour se rendre dans un village, qui se promènera dans un centre commercial ou un centre de loisirs pour trouver des personnes enceintes et vérifier si elles bénéficient de services. Les retombées sont incroyables. »

En conclusion, Ashlyn appelle à une plus grande collaboration entre prestataires de soins et à une meilleure reconnaissance de la profession, car elle est convaincue qu’une meilleure intégration des sages-femmes au système de santé pourra considérablement améliorer la santé de la clientèle en région isolée. « Le rôle des sages-femmes est encore mal compris », dit-elle. « Mais plus nous collaborerons avec d’autres prestataires, plus ils comprendront la valeur que nous offrons. »